Le mouv’ dans la tournante

Je sais pas ce qui m’a pris de laisser la radio sur le mouv’ pendant que je faisais la vaisselle. Je ne sais même pas comment elle en est arrivé là, ma radio.

Passent tout et n’importe quoi, je m’en fous, je fais la vaisselle. Mais j’ai quand même manqué d’exploser mon plus chouette bol arcoroc en écoutant ce qui semble être une émission d’information dont le sujet était "les viols collectifs en banlieue". Sur une radio publique : Le Mouv’.

Sujet casse-gueule s’il en est. Ok. Mais là ça dépasse quand même tout ce que j’ai pu entendre ou voir jusqu’à présent. Bon, c’est sur je n’écoute ni Nrj ni Skyrock ou des trucs du genre,si je le faisais je serais peut-être préparée à ce que j’ai entendu.

Serait-ce pour ménager son auditoire que les journalistes et animateurs du mouv n’ont pas pris la peine de faire entendre la voix des victimes mais uniquement celles de gamins et gamines dont le coeur du discours était : "si ça leur arrive c’est qu’elles aiment ça ou qu’elles se fringuent comme des salopes". Que ce soit le point de vue des gens interviewés, je veux bien. Alors, j’attends...le commentaire qui recadre... mais non, ça ne vient jamais et ça continue, sur fond de musique de jeunes qui mouv’, j’imagine.

Et d’enchaîner sur les représailles que subissent les nanas qui portent plainte, la honte de leur famille...Eh, le mouv’, dites leur carrément de fermer leur gueule que ça soit clair.

Une pro du secteur (avocate,juge ou assistante sociale je sais plus) est interviewée. Le monteur ne retient que les passages sur la quasi-impunité des violeurs, et sur les circonstances supposées (conditions d’existence) qui les amènent à passer à dix sur une minette. Tout ce qui est dit n’est pas con mais c’est monté d’une façon ! Howie B en fond sonore sur une grande partie du reportage, la musique ne s’arrête jamais.

Le clou fut quand même les commentaires du présentateur qui a laissé son cerveau à la maison. Pour désannoncer(je crois que c’est le terme radio) un titre de Portishead qui vient se caler entre deux "ouah ! trop dur ce phénomène de société qu’il est actuel".
La tournure exacte, je ne sais plus c’était un truc du style : "là, c’était Portishead de Bristol, un groupe trop glauque dont la bande annonce serait trop top pour le super hyper glauque (il connait deux adjectifs et vingt superlatifs ce gars) dont on parlait, phénomène qui se répand de plus en plus dans les banlieues, les tournantes..."

Là, je sais pas, je tournerais bien sa gueule dans l’évier, mais bon...

Sur le site, un petit résumé : il s’agissait d’un des sujets d’actualité affectueusement dénommés (sic)"buzzzzzzz’s" par les gens du mouv’, "le buzz des tournantes, un sujet par... Anne Lamotte".

Euh... bon allez, j’ose : Anne Lamotte, je n’ai rien contre toi. Tu avais l’air de t’être impliquée à fond dans ce sujet, si je puis me permettre. M’enfin la prochaine fois, fais un effort, ma grande (Motte). C’est bien de tenter d’intéresser les djeunz du mouv’ à des sujets sérieux, mais franchement... Forme ignoble, fond inexistant, aucune information vers des structures d’aide aux victimes, sur rien du tout, et hop la que je te balance le sujet suivant, concert ce soir près de chez vous. Je ne te donnerai pas de conseils quant à la marche à suivre, mais avec un peu (de motte) tu la trouveras toute seule, hm ?

LP et Alfred