Au nom de Dante !

Ma main sur ta gueule Nick Tosches !

, par _Biokill

Voici un drôle de bouquin, plutôt pénible à lire, sorti de la tête d’un des chroniqueurs les plus chouettes de la musique populaire américaine, Nick Tosches. Où il est question de kabbale, de Dante, de gangrène des parties génitales, de mafia, de jeu, de drogue et surtout de la dérive d’un écrivain dont on ne comprend pas vraiment où il va....

Aucun bouquin je crois, à part peut-être un de ces auteurs classiques qu’on nous force à lire en classe secondaire, n’a été aussi difficile à finir. Pourtant, malgré le sentiment de perdre mon temps, j’étais bien décidée à en mener la lecture jusqu’au bout.

Le récit morcelé n’est pas le plus rebutant de ce livre. Les envolées sur l’édition, le fait d’être écrivain ou drogué sont même plaisants. Une fois le livre fermé même le passage ou il conte la gangrène progressive de sa bite et comment il évite l’ablation de l’engin paraissent drôles et agréables.

Ce livre laisse un goût amer de raté, raté pour Dante, raté pour la kabbale, raté pour Tosches.

Alors, il y a bien des envolés brillantes qui vous tiennent, sur l’édition, les petites frappes, l’addiction, sa fille... mais elles ne font pas le poids face à l’ennui des passages « érudits » ... Tosches ou comment rendre ennuyeux des choses passionnantes : la bibliophilie, les mystiques judeo-arabes... Dante lui même ne retrouveraient pas ses petits dans ce bordel foutraque.

L’histoire : dans l’enfer du Vatican existe le manuscrit original de la « divine comédie » . Des mafieux américains incultes cherchent à la récupérer et pour cela mandatent le seul abruti capable d’en faire l’expertise dans leur maigre entourage intellectuel : Nick Tosches lui même, enfin son alter ego de papier, ecrivain-mafrat qui a tué dès l’âge de cinq ans.

Parallèlement on suit Dante (ici lui même limite à baffer), en exil, qui se ressource et se questionne au côté d’un vieux savant juif qui l’initie aux sciences cachées du Verbe.

Pourquoi aller au bout de ce livre ? Pour quelques belles envolées, par soucis anthropologique ? Comment échoue un écrivain pretentieux et bourré d’orgueil, défoncé jusqu’à la moëlle et plus capable, que le temps de quelques éclaircies de jets d’écriture flamboyante.

Peut-être a-t-il été surestimé, ce Nick Tosches ? Finallement ses bouquins sur le rock’n’roll ne nous réjouissent-ils que parce qu’ils nous permettent de compléter nos discothèques de petites perles musicales ?

Le constat est amère, refermons l’ouvrage et passons à autre chose...