Rock’n’ roll babies !

, par _Pest Control

Vous aimez le catch, la bd, le rock’n’roll. Découvrez les mondes gominés et hallucinés de Charles Burns et de Mezzo...

Burn, Baby, Burn !

Charles Burns est un dessinateur américain édité dès les années 80 dans la revue "Raw : the comics magazine for damned intellectuals" crée par Art Spiegelman (auteur de Maus) et sa
femme Françoise Mouly, directrice artistique du
New Yorker.

Charles Burns est surtout connu pour Big Baby la version burnsienne de Little Nemo (voir chronique ici), ou le plus récent
Black Hole, et pour le titre dont votre humble
serviteur s’apprête à parler,"El Borbah" !

Le point commun entre tous ces comics est surement l’étrange, les années 50, les freaks et le rock’n’roll.

Burns nous propose un mélange très américain digne des séries B, mais transposé ici dans un monde beaucoup
plus complexe et intéressant que les séries de la deuxième lettre de l’alphabet (n’en déplaise aux fans incontestés du genre !!). D’ailleurs, monsieur Burns le dit lui-même : "J’aime les monstres et les déformations physiques [...] peut-être parce que je ne me suis jamais considéré comme un type normal et puis, enfant, j’étais particulièrement attiré par les films d’horreur et les séries B." [1]

Mais attardons nous sur l’un de ses héros, ou devrais-je dire anti-héros : El Borbah.

A ma gauche... El Borbah !

Vous aimez le rock’n’ roll des années 50 ? Vous aimez le catch mexicain ? Vous aimez aussi les histoires de détectives privés de
monsieur Charles "male pig" Bukowski ?

Alors vous aimerez "El Borbah", publié en intégral en France aux éditions Albin Michel sous le titre Detective stories [2].

L’album regroupe les aventures d’El Borbah, détective privé catcheur mexicain, un brin alcoolo et fumeur invétéré.

Ce type est brutal, pervers, vulgaire et posséde un don de la répartie à en faire palir plus d’un, bref, le héros que peu de monde déteste quand on y regarde bien (Ne me contrariez pas siouplait...). El Borbah est assez semblable au personnage de comics Lobo (pour les connaisseurs), l’inhumanité en moins. On se sent plus proche d’El Borbah ; s’il était une star de cinema, on le verrait bien comme anti-héros musclé dans des films indépendants, quand Lobo finirait surement dans un blockbuster. El Borbah est d’ailleurs aux comics underground ce que Lobo est aux comics mainstream...sur ce, la boucle est bouclée !!! Ouf...

Enfin bon : voila ce gros batard d’El Borbah, détective privé catcheur de son état (proche de l’Ohio...désolé !). Le personnage évolue dans un monde cher à Burns, cher à Daniel Clowes, ce monde un peu désuet très influencé
50’s, proche des films de David Lynch. On y trouve des gars plus
que bizarres, des cheveux sur-gominés, des organisations secrètes, un homme aux dents de castor bossant dans une banque du sperme dans l’optique de devenir maitre du monde, bref, de la dynamite (a prononcé
dai-neu-maillte) que je ne saurais trop vous conseiller !

Sa Majesté des Mouches

Bon,c’est tout. Vu que j’ai la flemme de continuer à argumenter, il ne vous reste qu’à bouger vos petites fesses pour aller juger par vous même de la qualité de l’oeuvre de Charles Burns.

Malgré tout, je n’en ai pas fini avec vous. Je vais vous parler du petit clone ou frère (c’est selon)de Charles Burns
(et ce n’est, sous ma plume digitale, en aucun cas péjoratif), j’ai nommé Monsieur Mezzo, qui vient de sortir avec le sénariste Pirus le premier tome d’une B.D. appelée Le roi des mouches.

Ce premier épisode s’intitule Hallorave, et est aussi publié chez Albin Michel (coincidence ??)...
Que dire de Mezzo (que je ne connais qu’assez peu au final), à part qu’on peut trouver un très beau recueil de ses plus belles illustrations et planches, aux éditions Mosquito, nommé
Travail au noir et en couleurs, et vous donner quelques noms de BD tel qu’Un monde étrange aux éditions Delcourt, avec toujours Pirus au sénario, ou encore <i/.Mickey-Mickey aux mêmes éditions, et du même
sénariste.

Quand je parle de clone, c’est qu’on sent bien que Mezzo travaille sous influence. En effet, on retrouve du Burns dans le dessin, dans l’encrage, dans l’atmosphére, dans les décors ; l’histoire du Roi des mouches, bien que se passant en France à notre époque, pourrait aussi bien se situer aux Etats-unis il y a cinquante ans, vus le graphisme et les décors ou évoluent les personnages. Les champs s’u étalent à perte de vue, les maisons sont en bois, et on trouve dans les rues des voitures que nous n’avons que trop rarement l’occasion de voir de nos jours.

Pour ce qui est de l’histoire, on sent qu’elle met en place, par le biais
d’intrigues croisées,(dans le style de Short Cuts de Robert Altman, ou encore Magnolia de Paul Thomas Anderson) la trame à venir du "Roi des Mouches".

Tout commence quand trois "amis" se préparent à une rave pour Halloween, (d’ou le titre Hallorave...) qui changera leur vie à jamais... Enfin on imagine. Leurs vies ne semblent pas reluisantes. Dans ce bouquin, il n’y a personne pour rattrapper
l’autre, tous de beaux salauds bon cru, se défonçant la gueule, se trompant, se manipulant l’un l’autre et évoluant comme si de rien était, comme sous
anésthésie, (comme chez Adrian Tomine) dans une atmosphére assez malsaine, voir déprimante, un peu comme dans le David Boring de Dan Clowes. On peut
aussi sentir dans cette B.D. une atmosphère fantastique, dans le sens où l’on pense toujours voir surgir d’une case ou d’une autre un phénomène étrange, alors que rien ne vient
jamais.

Quoiqu’il en soit, cette BD contient tous les ingrédients pour un bon cocktail :
le sexe, la drogue, et le rock’n’roll (bon, cette vieille phrase pourrie juste pour avoir le plaisir de placer au final : is very good indeed !)

Voila donc, si ça vous tente, et que vous avez un peu de thune, je ne vous conseillerai que trop de vous procurer l’une ou l’autre de ces deux B.D.

Now for something completely different...

Mais avant de finir, et pour rester vaguement dans le domaine de la bande dessinée, je tenais aussi à vous parler d’un groupe de hip hop que je ne connaissais pas avant hier, du nom de Fingathing. Honnetement, ce n’est
pas l’album de l’année mais ce Superheromusic possede une pochette qui vaut le détour. Elle est illustrée par un disciple de Daniel Clowes du nom de Chris Drury je crois. Le
truc qui est vraiment bien sur cet album, c’est la contrebasse (comme la pochette le laisse deviner). D’un autre coté, ils auraient pu se passer de quelques intermédes entres les morceaux... Et pis bons les gars, si vous voulez vous faire votre avis vous
meme, vous pouvez allez jeter un oeil, ou les deux, c’est selon, voire une oreille sur leur
site Fingathing.

Notes

[1Beaux-Arts Magazine #204, mai 2001

[2Je vous dis ça parce que je ne suis pas sur que ce petit bijou soit facile à trouver de nos jours... Pour la petite histoire, je l’ai d’ailleurs trouvé dans un magazin de musique très psycho billy, pur hasard !!