Comme le rappelle dans sa critique des ONG l’écrivaine Arundhati Roy [1] - souvent trop rapidement catégorisée par certains médias comme héraut de l’alter-mondialisation - les forums sociaux mondiaux ou européens, ont l’avantage de permettre aux mouvements locaux de résistance de se rencontrer, d’échanger puis de se réunir autour d’une lutte commune.
Certes.
Il existe cependant des moyens de lutter et de se regrouper autres que ceux proposés par les alter-mondialistes, de façon réellement indépendante, non hiérarchique et quelque peu plus radicale.

Comme le note en effet l’Humanité [2], le Forum Social Européen qui va se dérouler à Londres du 15 au 17 octobre est en partie financé par la mairie de Londres. Mairie dirigée comme chacun sait par le fringant Ken Livingstone qui a récemment trouvé judicieux de réintégrer le New Labour de Tony Blair, et dont le principal programme est d’augmenter le nombre de bobbies dans les rues de Londres ainsi accessoirement que le nombre de bendy buses (sa dernière trouvaille), et avec eux les tarifs pourtant déjà prohibitifs de transport [3]. Egalement financé par les syndicats britanniques, c’est-à-dire encore une fois par le gouvernement anglais, le FSE est aussi organisé conjointement avec le SWP, Socialist Workers Party, dont la structure autoritaire et hiérarchique a souvent été critiquée.

Ces collusions douteuses font que le FSE cherche avant tout à passer pour un négociateur légitime face aux gouvernements, et ne fait de cette manière que s’ajuster aux politiques dominantes et remplir un rôle pratique de contradicteur peu dangereux [4]. Ce que le forum propose, c’est un réformisme à la petite semaine, plaidant de la sorte non pas pour un autre monde, mais seulement pour le même monde, juste un peu moins mauvais s’il vous plaît messieurs. C’est en réponse à cette mollesse que plusieurs organisations et associations libertaires, dont les WOMBLES co-organisent Beyond ESF, cinq journées d’idées et d’actions anti-autoritaires.

Ces journées se dérouleront du 13 au 17 octobre dans une université de Tottenham, au nord de Londres, et réuniront un grand nombre de collectifs, de groupes et de personnes venus de toute l’Europe.
Plutôt que de permettre d’assister à des interventions d’illustres conférenciers, elles appellent à la création d’espaces autonomes en proposant une participation active de chacun, à la fois théorique et pratique, notamment en vue de célébrer et de renforcer les cultures et les cellules de résistance auto-gérées existantes.
Gratuites et ouvertes à tous elles s’organisent autour de quatre thèmes principaux : lutte et autonomie, ’No Borders’ et migration, précarité, répression et contrôle social.
Les sujets de débats et d’ateliers s’étendent du squatt en Angleterre depuis 1649, jusqu’à la venue du G8 en Ecosse en 2005, en passant par la création de transports publics gratuits, le système pénitentiaire, le mouvement zapatiste, le contrôle des réfugiés, la constitution européenne, le service militaire en Israël, les jeux olympiques, etc, etc…
De nombreux collectifs viendront apporter leur témoignage et partager leur expérience.

Des concerts ainsi que des projections de films documentaires sont en outre proposés chaque soir, et qu’on se sente des affinités ou non avec la programmation musicale (folk, hip-hop, drum ’n bass, dub, indie rock…) on appréciera la volonté exprimée d’abolir la tyrannie du DJ superstar comme en atteste la phrase ci-dessous extraite du programme des activités :

Nous ne serons heureux que le jour où le dernier journaliste de MixMag sera pendu par le fil du casque du dernier DJ superstar [5].

Des détails sur la critique du Forum Social Européen et plus d’informations sur ces journées Beyond ESF sont disponibles sur les sites suivants :

Programme (en Français)

Critique du Forum Social Européen (en Anglais)

Appel à la création d’Espaces Autonomes (en Anglais) (site général regroupant tous les projets organisés autour, en parallèle et en marge du Forum Social Européen, ou encore, comme Beyond ESF, plutôt en opposition à celui-ci.