Herbert, radicalement contre

, par Kiki Carlson

Les anti-mondialisation peuvent compter sur un nouvel allié : le musicien anglais Matthew Herbert, l’un des artistes les plus importants de la scène
électronique actuelle.

Connu pour ses grosses capacités festives et producteur du dernier album de Bjork, Herbert pouvait être considéré comme un doux rêveur, un Boris Vian farceur de la house, enregistrant sa vaisselle au MD pour en faire des percussions et tenant l’accidentel pour une manifestation de la grâce divine.

Force est de constater qu’Herbert s’est radicalisé, conceptuellement et musicalement :

sous le nom de Radio Boy, il a sorti un album étonnant, explicitement anti-impérialisme et anti-mondialisation, bruitiste et d’une noirceur inhabituelle chez lui. Intitulé « The Mechanics of Destruction »,
le disque compte quinze titres, dénonçant les agissements de firmes (Mc Donald’s, Nike…), d’hommes (Henry Kissinger, Rupert Murdoch) ou de médias (la télé, Hollywood), ou accusant directement des produits (les OGM, lepétrole).

Comme Matthew Herbert considère qu’un bon sampler est un samplervide et que c’est au musicien de remplir ladite machine, chaque morceau a été composé avec une source sonore prélevée chez l’ennemi : le morceau anti-Mc Do est fait à partir des sons que produit un menu Big mac ; le
morceau anti-Starbuck Café, à partir d’un Caramel Latte et d’un Frappucino ; le morceau anti-Murdoch, à partir d’un exemplaire du Sun ; le morceau contre les pétroliers avec deux bidons d’essence et un litre de liquide de frein… « C’est très amusant de consommer ces produits dictatoriaux d’une manière détournée. Je ne bois pas de Coca et je n’ai pas la télé », explique-t-il dans une longue lettre ouverte sur le site http://www.themechanicsofdestruction.org/, où toutes les turpitudes de
l’Occident sont dûment répertoriées et vigoureusement châtiées.

Souhaitant faire un « disque sans profit », Herbert a décidé de court-circuiter les circuits de distribution traditionnels et de distribuer lui-même son CD pendant ses tournées ou lors de conférences spécifiquement anti-mondialisation ; il est aussi disponible gratuitement sur internet en mp3 ou en CD en échange d’une envellope timbré, en écrivant a cette adresse :

Radio Boy CD
Accidental Records
PO Box 24953
London SE23 3GS
U.K.

Car une grosse colère, ça se partage

Radio Boy, The Mechanics of Destruction (1 CD, Magic Accident, 43 min)