Mayotte : départementaliser pour mieux annexer

, par LaPeg M. 

Dimanche (29/03/09), Mayotte a voté à 95% "oui" pour la transformation
de ce territoire en département-région français à l’instar des Antilles-Guyane. Des nombreuses conséquences de ce changement administratif sont à prévoir mais la presse métropolitaine ne retient principalement que celles concernant la polygamie, le droit coranique, l’apprentissage du français ou le relèvement de l’âge du mariage ou des prestations sociales.

Malgré la focalisation sur les raisons culturelles, ce sont surtout les raisons stratégiques qui permettent de décoder l’intérêt de l’opération, très coûteuse, pour Paris. A travers ce référendum, c’est d’abord la présence militaire et économique française dans l’océan indien qui se joue en toile de fond. L’intégration depuis 1976 de Mayotte à la France a fait l’objet de dénonciations continues de l’Union des Comores – qui revendiquent la souveraineté de l’île distante de 70 km d’Anjouan – et des institutions internationales (ONU, OUA).

Par la départementalisation la France vise à entériner définitivement l’annexion. L’argument de l’instabilité politique et du déficit démocratique de l’archipel ne peut être lui compris qu’au regard des actions répétées de la France, via les coup d’État fomentés notamment par Bob Denard, visant à fragiliser le gouvernement de l’archipel. La volonté de mieux contrôler l’entrée d’étrangers sur le territoire français explique aussi le soutien pragmatique de l’Élysée au processus d’intégration. « En 2008, il y a eu 13 000 [expulsions] depuis Mayotte, à comparer aux 29 000 depuis la métropole », rappelle l’association Survie [1]. Un tiers de la population de Mayotte, musulmane à 95%, sont des illégaux originaires des autres îles des Comores.

Départementalisation de Mayotte, frontière coloniale et guerre aux migrants, Gisti, 23 mars 2009