Informatique et libertés, quand le PS se lâche...

, par _Biokill

L’opération marketing de survie du PS, durant l’entre deux tours des législatives, fait le jour sur les pratiques en cours chez les socialistes aux abois. Ou comment le PS s’imisce dans le vote à bulletin secret...

"J’ai reçu une lettre nominative du PS m’invitant, moi, abstentionniste du premier tour des législatives, à voter au second. Est-ce bien légal ?"

Basé dans le sud, notre ami qui se questionne ne fait pas partie des inscrits parisiens sur lesquels porte l’article de Meryem Marzouki, Élections, piège à rétention (de données)... La pratique douteuse serait-elle à l’œuvre nationalement ? Le PS prendrait-il des libertés avec notre vie privée ?

Le PS a une conception libérale de la protection des données et du vote. Au-delà des outils informatiques internes permettant de simuler le report des votes à partir des résultats électoraux, le PS a mobilisé entre les deux tours des législatives "sa machine à gagner", avec des méthodes dignes de la cellule marketing d’une entreprise commerciale.

"Dès mardi, des équipes de militants se sont rendues à la préfecture, avec des grilles d’électeurs préétablies. Sur les listes d’émargement, ils ont relevé les numéros de chaque case où l’absence de signature trahit l’abstentionniste. De retour à la permanence, ils ont identifié les fautifs. Un logiciel ad hoc leur a permis d’isoler, parmi eux, les 18-35 ans. Les étiquettes ont été imprimées. Dans le 5ème et dans une partie du 6ème arrondissement, par exemple, la candidate socialiste Lyne Cohen-Solal a fait partir 4 500 lettres au courrier, mercredi matin." [1]

Voilà donc comment est établie la liste des personnes auxquelles le PS a envoyé son billet doux... À partir de la liste d’émargement des liste électorales...

L’article de l’IRIS se veut "non-partisan" : "Il s’agit de montrer, une fois de plus, et sur la base d’un cas concret sur lequel nous alerte l’article du Monde cité, à quel point la question des données personnelles et de leur utilisation est sensible, et peut autoriser les abus les plus graves, si l’on n’y prend pas garde."

Perso, je ne prendrais pas tant de pincettes... D’autant plus que, comme il est rappelé plus loin dans l’article, les directives du Conseil et du Parlement européens, légitimant "la conservation systématique, à des fins exploratoires, des données de communication", ont été votées par le groupe du Parti Socialiste européen, en association avec d’autres votants de droite. Malgré les tentatives de légitimation de ce vote - les messages assurant l’attachement des socialos à la protection de la vie privée, etc. - les faits confirment d’une certaine manière les votes. Après l’insécurité comme cheval de bataille, le PS se fout encore une fois de notre gueule...