Quatre saisons japonaises

, par _Biokill

Le retour du photographe fétichiste Gilbert Woodbroke dans des aventures nippones comme toujours apocalytiques. Cette fois-ci c’est le sordide passé fasciste, militaire et colonial qui sert de trame de fond aux exactions du « seul représentant » de l’art militaire...

Ce troisième tome de la crucifixion en jaune (Lire A frenchman in Tokyo ), voit l’impayable Gilbert Woodbroke se confronter, entre deux infidélités à sa chère Naoko (son épouse) et une catastrophe échevelée, au passé enfoui du Japon.

Gilbert Woodbroke est de retour sur l’archipel pour couvrir ses dettes : il doit retrouver un réalisateur de film porno et quelques-unes de ses actrices pour leur faire signer une attestation de majorité pour éviter que
l’un de ses amis, journaliste à Interview ne se retrouve en tôle accusé de détournement de mineurs. Le service juridique du journal envoit donc notre Gilbert, le photographe anglais maladroit à la rescousse.

"Quand tu pars tout seul au Tokyo, j’ai encore plus de raisons de m’inquiéter. Pour toi - et pour les malheureux qui auront la malchance de croiser ta route" lui dit Naoko au téléphone. Et c’est peu de le dire puisqu’il se retrouve vite avec son « ami » Julius B. Hacker, cet obsédé
de galeriste sur le dos, qu’il n’arrive pas à mettre la main sur sa chère Akiko... et que l’on déterre, au hasard de la construction d’un cours de tennis, des crânes aux blessures étranges (balles, trépanations...) et que le passé impérial refait surface : le livre démarre sur la relation d’un étrange hold-up, en 1948...

C’est surtout pour son fond historique que ce livre marque, puisque le reste est de la même veine que Brume de Printemps, un étrange mélange entre fantasmes SM, fétichisme et aventures rocambolesques d’un personnage couard et branquignole : de quoi lasser. Il y a toujours des passages qui font tiquer, mais
pourtant ces aventures délirantes sont agréables et donnent envie de lire
la suite. Slocombe arrive en mêlant actualité, histoire et ses fantasmes SM à captiver même les moins branchés par les fantasmes clichés sur les japonaises.

Basé sur des faits réels (la découverte d’ossements dans les années 80 dans le quartier Shinjuku sous les anciens locaux de l’école militaire) et très bien documenté, ce roman a une dimension bien plus terrible que les précédents, surtout lorsque l’on pense au révisionnisme japonais ou au fait que nombres de tortionnaires de l’unité 731) ont pu continuer leur exercice médical, notamment en devenant directeurs d’hopitaux. Criminels de guerre, révisionnistes, ce roman plus maîtrisé, aborde après la secte Aum une autre facette de la société japonaise.