Jacky Cantave retrouvé vivant

, par Alterpresse

P-au-P., 17 juil. 02 [AlterPresse] --- La presse haïtienne et les
secteurs de défense des droits humains ont poussé un ouf de soulagement
ce 17 juillet, lorsqu’on a appris la libération, la veille au soir, du
journaliste de Radio Caraibes, Israel Jacky Cantave et de son cousin
Frantz Ambroise.

Violences politiques en Haïti

La crise haïtienne se poursuit depuis les élections frauduleuses de mai 2000 qui ont porté Fanmi Lavalas, le parti d’Aristide au pouvoir. Fanmi Lavalas s’oppose souvent violemment à une coalition de partis d’oppositions, la Convergence Démocratique. Les exactions des partisans de la "famille" sont rarement poursuivies et cette impunité généralisée favorise la poursuite de ces violences prenant régulièrement des journalistes sont des cibles.

A la suite de la tentative de coup d’état de décembre 2001, une quinzaine de journalistes avaient du quitter le pays d’urgence.

Cantave avait travaillé récement sur les gangs de supporters d’Aristide dans les cités qui jouxtent la capitale.

La suspension des aides internationales ont aggravé la situation économique et politique dans ce pays.

Le rapport 2002 de rsf sur Haïti
http://rsf.org/artir...

http://www.rfi.fr/ac...

http://hrw.org/... (L.P.)

Enlevés 24 heures plus tôt dans le quartier de Delmas, au Sud-Est de la capitale, par 4 individus armés et cagoulés, ils ont été abandonnés, ligotés et les yeux bandés, à Petite Place Cazeau, périphérie Est de Port-au-Prince. C’est là qu’un passant les a découverts et conduits au commissariat de Delmas, selon les témoignages fournis à la presse par le journaliste.

Israel Jacky Cantave et Frantz Ambroise ont ensuite été conduits par leurs proches dans un centre hospitalier où ils reçoivent des soins. Dans sa chambre d’hôpital, le journaliste a rencontré la presse dans la matinée et a raconté comment lui et son compagnon ont été poursuivis, capturés et transportés sous la menace des armes à bord d’un pick-up vers une destination inconnue.

Cantave a indiqué que lui et son cousin ont été battus par leurs ravisseurs. Il a rapporté que les ravisseurs ont déclaré avoir renoncé à les exécuter "pour ne pas causer plus de tort au gouvernement".

L’enlèvement de Jacky Cantave et Frantz Ambroise avait provoqué une forte mobilisation au sein de la société haïtienne. Jacky Cantave a salué la solidarité que les confrères et consoeurs de la presse ont manifestée en sa faveur et a remercié les autres secteurs de la population pour leur soutien sans faille.

Les réactions de soulagement se sont multipliées après l’annonce de la libération des deux séquestrés. L’Association des Journalistes Haitiens (AJH) a qualifié d’acte politique l’enlèvement de Jacky Cantave et de Frantz Ambroise et pointé du doigt l’impunité qui encourage des violations de la liberté de la presse. L’Association Nationale des Médias Haitiens (ANMH) a réclamé une enquête sérieuse sur ce qui s’est passé.

La Plate-forme des Organismes Haitiens de Défense des Droits Humains (POHDH) a plaidé contre la banalisation de ces actes, qui alimente l’impunité. L’association internationale de défense des droits humains Amnesty International a appelé à une campagne de lettres au autorités haïtiennes pour exprimer des préoccupations sur la sécurité des journalistes et des défenseurs de droits humains en Haïti.

Moins de 24 heures après l’enlèvement de Jacky Cantave et Frantz Ambroise, la maison du Directeur du Centre Oecuménique pour la Défense des Droits Humains, Jean-Claude Bajeux, située en banlieue Est de la capitale, a été attaquée par des hommes armés. Ils ont agressé sa femme Sylvie Bajeux et maltraité les 3 membres du personnel domestique.

La police a annoncé ce 17 juillet avoir appréhendé deux individus en relation avec l’enlèvement de Jacky Cantave et Frantz Ambroise. Elle n’a cependant pas communiqué les noms de ces deux personnes. La ministre de la culture et de la communication, Lilas Desquiron, a annoncé que l’enquête en cours pourrait révéler "des surprises".

Plusieurs officiels du gouvernement, dont le Premier Ministre Yvon Neptune, se sont rendus au chevet de Israel Cantave. Neptune a déclaré que le gouvernement tient au respect de la liberté de la presse.

On craint beaucoup pour la sécurité des deux victimes. Des membres de la presse ont estimé que les dispositifs mis en place par la police était insuffisants. [gp apr 17/07/02 19 :00]