Rocco Siffredi, ou le porte-étendard de la pensée unique

Banana spleen

, par Gratiane

Entendons-nous bien, en matière de films de boulle, il m’est d’abord apparu délicat d’en faire appel au terme de "pensée"... Pourtant, la "pensée unique" décrit assez bien le totalitarisme qui règne sur un genre - certes décrié, mais là n’est pas le débat - qui s’est fermé à toute idée de diversité, tant dans le choix des points de vue adoptés que dans celui des modes de narration utilisés... (oui, oui... de fait, il y a bien narration...). Méga stars et méga producteurs ont désormais le monopole sur vos fantasmes...

Mais je vais tâcher de me faire mieux comprendre.
Un gars comme Rocco, qui doit comme chacun sait doit sa notoriété à la taille de sa bite, est aujourd’hui un modèle de réussite dans le milieu du X. Tout bon producteur qui voudrait faire augmenter son chiffre d’affaires n’a en tête que de faire bosser Rocco, son clône, ou le clône de son clône. Bon, jusqu’ici, et puisque l’on parle de commerce, rien que de très normal. La créativité étant l’affaire des artistes, la rentabilité reste celle des marchands. Qu’une grosse bite fasse vendre, pourquoi pas ? (Après tout, Mickey a bien de grandes oreilles...) D’autant qu’il y a à cela une raison simple : la visibilité. (Je ne fais pas de schéma, c’est inutile.)

Sauf que voilà, môssieur XXL, star internationale et symbole de la virilité masculine (triste...) est un con nocif, qui ne se contente pas d’arborer son outil devant les caméras. Parce que, autant être claire, l’idée qu’on montre sa bite à des spectateurs avertis n’est certainement pas une chose qui me choque, sûrement pas autant que le retour à l’ordre moral que l’on cherche aujourd’hui à nous imposer... Non. Ce qui me chiffone (pour reprendre l’expression de ma grand-mère), c’est qu’il montre bien plus que ça (oui, oui... on peut aussi montrer autre chose que son cul...). En particulier son ascendant sur quelques pauvres connes qui auront vu la réalité dépasser leurs fantasmes (à deux balles)...

Je pense à un film en particulier : "Une américaine à Paris avec Rocco" (titre, notez-le, "politiquement correct"... on est très loin du "Grosse chatte mes fesses" habituel...).

Dans au moins une scène du film, la partenaire de Rocco (une américaine, donc...) manque de mourir étouffée en taillant une pipe à la star. Mais puisque Rocco est un tyran, voilà que ça lui plaît et qu’il insiste... Bref, sordide.

Alors biensûr, vous serez nombreux à me dire... Sordide, sordide... Sur le net, y’a bien pire... Les enfants, les chevaux, les viols... Enfin, tout ce qui sort du cadre de la législation et face à quoi les associations sont nombreuses, qui s’agitent pour faire barrage. C’est vrai.

Mais alors, qu’est-ce qu’on fait de ce film, on ne peut plus légal, qui a dû manquer de peu d’être présenté dans un papier rose à fleur, et dans lequel tout pourtant dérange la fille que je suis ?

Ce film qui voudrait laisser penser au spectateur qu’une telle scène est normale, puisque justifiée par la présence d’une star. Je veux dire par là qu’un ado qui observe dans ses ébats Rocco - le vrai, l’unique, l’archi-médiatisé Rocco - aura vite fait de trouver banale, si ce n’est pas exemplaire de virilité, une telle scène... Et, qui sait, d’adopter à son tour cette attitude ?

Et ils seront sans doute nombreux d’être tentés : c’est que notre ami a monté sa propre boîte de prod et de distribution, et qu’il se rapproche ainsi - avec son pote et désormais concurrent Marc Dorcel - du rang de Disneyland du cul...
Autant dire qu’il diffuse bien plus largement ses produits ainsi qu’en essayant de les passer sous le manteau. Et là, sans jeu de mot (encore que...), j’ai les boulles.

Ajoutez à cela, anecdote extraordinaire, que vous trouverez, entre autres, au générique, une autre vedette ô combien médiatisée : O-vi-die !
Vi, vi... L’"intello du film de boulle" - dixit les médias - qui, pourtant, semblait enclin à révolutionner l’univers du X, en lui apportant sa touche de femme féminine, qui pense, qui défend les femmes... Et qui accepte un rôle dans un film pareil...

Je m’étonne et je ne comprend pas, tempête dans un crâne... La juxtaposition du discours de cette fille et de sa participation à un film qui vient à l’encontre de ce qu’elle paraîssait défendre me fait un curieux effet. Un peu comme si je venais de croiser un José Bové se tapant la cloche au Mac do...

Alors de deux choses l’une : soit j’ai manqué un épisode, soit y’en a qui se foutent sérieusement de la gueule du monde !

Conclusion : personnellement, si je ne rêves pas de m’étrangler avec la bite de Rocco, j’aurais cependant aimé qu’elle fut assez longue pour qu’il puisse à son tour s’y essayer. À défaut, je propose de lui faire avaler un régiment de bananes, en bloc. Je suis disposée à recueillir ses impressions.

Alors, Rocco, partant pour quelque expérience ?