Passes moi du baume (du Tigre)

, par _Biokill

Le Tigre c’est un peu le cauchemard de Christine Boutin sur votre platine. Comme si Prochoix groovait dans votre cuisine.

Voici le genre de disque qui fait aimer les lesbiennes à moustaches à ta soeur catho, les féministes à ton macho de frère, et pousse ton cousin transexuel à renoncer à courir après les lapins le dimanche, bourré un fusil à la main parce que la chasse ça forme son homme...

Faut pas bouder son plaisir, dans le cochon tout est bon, du groin au croupion, de la langue à la queue en tire-bouchon. Il est dur de chanter avec une bite dans la bouche [1], alors mettons des gants.

Le Tigre est un trio de féministes qui contre les clichés : leur musique est légère, gaie entraînante débile et engagée en même temps. De Peaches aux collectifs de djettes, les riot grrll de la fin des années 90 ont sorties le strass et les paillettes, les boîtes à rythme et envahissent les dance floor en sautant sur des guitares désacordées, une groovebox sous le bras.

Tout ce beau monde, doigts vernis - poils sous les bras, gravite en caleçon et talons aiguilles autour des mondes de l’art, gros refuge actuel pour les meufs with attitude, (Peaches est Merrill Nisker une artiste multimédia, Le Tigre a reçu en ses rangs Saddie Benning, vidéaste allumée [2] tout en restant, pour celles qui nous intéressent un fleuron des alternatives musicales et industrielles.

Kathleen Hanna, Johanna Fateman et J.D Samson sont ce Tigre qui grogne entre bidouillages électro, faux rock’n’roll sixties et grunge groovy.

Feminist Sweepstakes est leur dernier album en date. C’est un catalogue de chansons acides-ulées, et d’hymnes grinçants-dansants. Leurs voix sont toujours limites, un peu énervantes parfois (oh oh oh), mais on ne se jette plus du haut des baffles comme à ce concert mémorable des Lunachicks (j’avais 16 ans ma bonne dame), on fait taptap avec le pied et on remue doucement ses fesses (car bon, c’est pas Prince quand même hein ?).

Le Tigre c’est un peu le cauchemard de Christine Boutin sur votre platine. "If ever I should stop thinking about music and politics" chantait Michaël Franti. Kathleen Hanna s’y essaye, mais il est des choses qui s’imposent perpétuellement. Surtout lorque l’on évolue au sein de l’industrie musicale et artistique.

Moins inventif musicalement que les disques précédents - on regrette la puissance des hymnes "My,My Metrocard" ou "Get off the Internet"(stupides mais jouissifs), la ligne de basse de "Slideshow at Free University" ou encore la séance hommage "Hot topics" - Feminist... est néanmoins un bon aperçu de ce que peut faire ce collectif.

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