Fire sale : bain puritain à South Chicago

, par _Biokill

Où l’on retrouve V.I. Warshawski, la privée de Chicago, happée par les fidélités multiples de son histoire sociale. Un Paretsky dans la tradition, avec ses avantages et ses inconvénients.

V.I. doit retourner dans son quartier pour s’occuper de l’équipe de basket de son ancienne école - la coach qui lui a permis d’entrer à l’université grâce au sport étant diminuée par la lutte contre le cancer qui la ronge, elle la sollicite pour jouer les rôle-modèles pour les gamines du quartier. Entre les gangs et les conseils en terme de sexualité prodigués par des pasteurs et parents pétri de renaissance protestante, les jeunes filles de South Chicago n’ont souvent comme horizon que des grossesses précoces et une vie de working poor, sans possibilité de s’arracher à la misère et la violence dans laquelle elles sont nées.
Le basket peut être une des clés leur permettant l’accès à l’université.

Très vite, V.I., coach intérimaire, se trouve embringuée dans une intrigue à tiroirs sur fond de misère et de dumping social, de délocalisations, et de néo-conservatisme religieux. Pour couronner le tout, Maurel, convalescent après avoir été blessé en Afghanistan accueille chez lui une vieille copine journaliste, trop jolie et trop encombrante.

L’intrigue est prétexte à un jeu de miroir social déformant : délabrement des services publics d’éducation, jeunesse livrée à elle même. maternités adolescentes, rôle des communautés religieuses, place des médias etc... contre corruption et manigances des puissants.

On est comme toujours happé même si une partie de l’énigme est un peu rapidement expédiée, l’imbrication émotive de l’héroïne casse-cou fonctionne à merveille - la description des conflits de loyauté sociale qui rongent la détective est toujours remarquable.

Cependant, et c’est la deuxième fois que Paretsky nous fait le coup, sa tendance
« les jeunes riches peuvent aussi être sympas » lasse un peu : décrire coup sur coup des rejetons des classes dominantes en conflit avec les agissements de leur milieu est un ressort narratif auquel il est un peu difficile de toujours adhérer. (voir Canailles et compagnie du même auteur.)

Mais les personnages sont toujours aussi bien brossés, notamment cette insupportable journaliste anglaise et sa fascination morbide pour le charme prolétaire made in South Chicago ou la famille infecte du patron de la chaîne de Mall du coin (on reconnaîtra aisément Wall Mart).

Le site de l’auteur :
http://www.saraparetsky.com/

P.-S.

Fire Sale, Sara Paretsky, Hodder & Stoughton Ltd, Mars 2006, ISBN : 0340839082.