Le Mexicain à deux tetes / Les poupées de Jérusalem / Le cargo du roi singe

, par _Biokill

Avec la série Professeur Bell, Johann Sfar dessine un roman à épisodes gothique qui flotte dans l’absurde, le polar et le fantastique, quelque part entre Conan Doyle, Adèle Blanc-Sec, Jean Ray et des références mystiques judéo-moyen-orientales.

L’ouvrier Stakhanov de la bd, auteur de Pascin et de moultes autres bande-dessinées talentueuses, Joann Sfar, le dessinateur-scénariste forcené de la nouvelle vague française est aussi le père de la série mettant en scène Joseph Bell, chirurgien, pédiatre et medecin militaire écossais dans des aventures fantastico-policières.

Le vrai Joseph Bell d’Edinburgh est connu pour avoir été le professeur d’Arthur Conan Doyle à l’école de médecine qui a inspiré le personnage de Sherlock Holmes. La passion pour la déduction et les explications scientifiques de ce professeur Bell se retrouvent dans l’institut actuel portant son nom, espèce de centre pour la promotion de la rationnalité et de la recherche de preuves scientifiques statistiques et matérielles dans les enquêtes de police.

Sfar prend quelques libertés avec le personnage originel en dressant un portrait plus ésotérique de son professeur à lui. Accompagné d’un fantôme , le Joseph Bell dessiné est une tératologue qui cotoie monstres de foire et démons comme vous croiseriez votre boulangère, un peu comme si revenants, extralucides et prophètes étaient aussi répandus que des baguettes de pain. Un peu comme Adèle Blanc-Sec face au monstre des profondeurs, le fantastique et l’absurde font partie du décor, pourquoi toujours s’étonner ?

Le monde de Sfar est plus qu’un simple roman gothique, l’occasion de convoquer différentes traditions qui lui sont chères et de faire voyager son personnage du fond de l’Écosse à la Palestine.

Les trois premiers tomes sont certes inégaux (le meilleur étant les Poupées de Jérusalem) mais présentent une palette de personnages intrigants : un fantôme en analyse, Humpty Dumpty en policier, un diable photographe et un autre contemplatif...

La série pleine d’humour de Sfar est à classer comme un Edgar Poe hilare, entre Jean Ray et Tardi.

professeur Bell