" Navré pour la cliente ", " navré pour le pourboire ", "navré pour les blondes ". Chaque chapitre de cette énième enquête du Poulpe commence ainsi, par la même expression. Et cette fois, Gabriel Lecouvreur a toutes les raisons du monde d’être navré, voire excédé. Car dans cette Purée d’avocat sauce Chili, sa maîtresse Cheryl est plus que compromise. Résumé de l’affaire : Laura Beltel, une jolie chilienne " au cul monumental ", a fui son pays natal et les séquelles de la dictature. Elle cherche à Paris les moyens de passer inaperçue et choisit le salon de coiffure de Cheryl pour se refaire une beauté. On la retrouve égorgée sur son fauteuil, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. La copine du Poulpe est bien sûre la principale suspecte, mais l’histoire serait trop simple (simpliste ?) et sans véritable intérêt.

Le Poulpe, enragé, va évidemment tenter de découvrir l’assassin (rassurez-vous, il y parvient, celui qui a tué la pauvre Laura, se trouve… page 177). Toute l’intrigue repose sur une seule et même question : pourquoi donc une jeune fille venant se faire teindre en blonde se retrouve assassinée dans un salon de coiffure ? Le Poulpe mettra à jour un tableau fort sombre et un mobile plutôt… décoiffant. Hiérarques des dictatures latinos, enlèvements d’enfants, avocats véreux, escroqueries à l’assurance-vie, tout y passe dans ce polar bien ficelé par un Francisco González Ledesma au sommet de sa forme. L’auteur barcelonais, l’un des maîtres du roman noir espagnol (pas assez reconnu de ce côté-ci des Pyrénées à notre goût) a sorti de son chapeau une superbe histoire, sur fond d’usurpation d’identité, d’expatriation et de lutte contre les tortionnaires du Cône Sud. A déguster sans aucune modération.