Y’a le feu à l’occident chretien (ou les barbus, des notres aux leurres)

, par _Biokill

L’apocalypse c’est maintenant, au sein de la noble confédération européenne, en l’an 2020 de notre ère post crucifixion... Mais qui en est à l’origine ? Les intégristes musulmans qui ont pris le pouvoir dans le Monde Arabe ? La main de Dieu lui-même ? Les Etats-Unis d’Amérique ? La mafia napoltaine ? Ou le Vatican trouve-t-il trop facilement toutes les pailles possibles dans le regard de tout le monde sans voir les poutres qui lui transpercent les yeux ?

Qu’est-ce qui couve au sein de la Confédération ?

Des femmes ont des apparitions mariales et propagent des messages dignes des révélations cachées de Fatima [1] puis disparaissent, l’une après l’autre, dans des accidents-suicides dont aucun trouverait que ça sent un peu les assassinats en série.

Dans le couvent de l’Immaculata, un moine, bon vivant et curieux sent le vent tourner sur sa confrérie : plus moyen de fumer sa pipe en paix, ni de se cultiver tranquille, le nouvel abbé dirigeant voyant le mal partout impose confesse, autodafé et délation comme crédo.

Le Vatican s’inquiète et malgré les oppositions, charge le cardinal Videgarai d’enquêter sur la réalité des apparitions-disparitions des voyantes.

Il monte une équipe improbable de croyants et d’athées qui seront chargés, l’enquête s’envenimant progressivement de rien de moins que de sauver l’occident d’une plongée en apnée dans l’obscurantisme.

Musulmans fumants, complots, nazis et intégristes de toutes barbes se croisent dans ce polar d’anticipation des plus sympathiques bien que pas totalement parfait.

Déjà c’est sur, les grenouilles ça croâ et W.Deweert, manifeste féru, ne peut pas s’empêcher d’assaisonner les victoires de ses héros d’une sauce mystique, parfois un peu limite, mais pas tout à fait pénible parce qu’il prend la foi par son bon côté, celui d’une sorte d’humanisme profond, qu’on peut rencontrer chez certains cathos genre prêtres-ouvriers, une tolérance et un sens de la justice et de la droiture qui ferait pâlir plus d’un altermondialiste ou anarchiste d’appareil...

Les rebondissements sont parfois fins comme des cordes pour sonner les mâtines, mais les personnages, dont le moine épicurien adorable, sont truculents et attachants, au milieu de ce foutoir où les méchants pullulent, s’associent par delà les mers et les déserts, les dogmes et congrégations...

Les allumettes de la sacristie ont, comme Les anges de l’abîme de Pierre Bordage, l’intérêt d’avoir comme trame de fond, un monde qui nous est presque contemporain et qui pourrait se présenter comme un des possibles à partir de notre situation géopolitique actuelle. Tout comme Bordage, le tableau n’est pas brillant : la finance et la politique acoquinée à des pouvoirs religieux en roue libre ne nous réservent rien de bon. Le rétablissement des équilibres ( intégration des immigrés et de leurs enfants, égalité des sexes...) chatouillent les hommes aux manettes qui hurlent à la fin des valeurs et manœuvrent pour bien remettre les vaches dans le pré et renforcer le gardiennage du pré...

Armes bactériologiques, camps pour migrants, émeutes, attentats et complots multinationaux, dictature militaires : y’a le feu à la confédération européenne et de quoi créer de nouveaux foyers à embraser. Ca sent le souffre dans la sacristie !

P.-S.

Les allumettes de la sacristie,Willy Deweert Seuil, Points Policier,
ISBN : 2020374803.

Notes

[1Il est dit qu’à Fatima au Portugal en 1917, Marie apparut à des mioches leur délivrant plusieurs messages d’importance pour l’humanité. Le contenu de deux de ces messages ont été révélés tout de suite, le troisième restant longtemps secret. Il aurait annoncé une tentative d’assassinat du pape - ce que contestent certains croyants qui pensent que le Vatican ment sur le contenu du message... Par ailleurs, il a été retrouvé à Fatima des lingots d’or nazis, mais c’est une autre histoire.